Une note de lecture de Jack Chaboud parue dans le numéro 68 de la CHAINE D’UNION (avril 2014)
American Clown, Lunes Vénitiennes, Je me souviens de Pratt. trois albums des éditions Mosquito.
American Clown
Jean-Louis et Louis Le Hir. 65 pages couleur. 13 €. Editions Mosquito.
Jean-Louis Le Hir est un dessinateur de BD et dessins de presse aux graphismes les plus divers, comme l’illustration humoristique de la nouvelle Le mystère dévoilé dans La Chaîne d’Union n° 61 (2012), ou celles de plusieurs ouvrages maçonniques.
L’association du père et du fils a éclaté, dans un graphisme fort différent dans l’album Clown, (voir La Chaine d’Union n° 60) premier volet d’une trilogie dont le second volume confirme la maturité graphique et narrative.
Dans American clown, les auteurs entraînent leurs lecteurs dans le passé de cet énigmatique personnage venu de nulle part dans le début de la trilogie. Cet ours à la puissance physique impressionnante, toujours étrangement grimé en clown, ce taiseux au grand cœur qui débarque ici à Ellis Island pour vivre en compagnie de la belle et brune Sinead la vie des hobboes et des gens du cirque, à travers les Etats-Unis.
Les Le Hir réalisent à nouveau cette étonnante prouesse de réciter une histoire en quelques mots, mais dont chaque image, chaque planche, sont chargées de sens, et découpent habilement la narration. Les couleurs sont belles et violentes comme l’action, les plans et les coupes d’une remarquable inventivité. Les dernières cases évoquent le monde aérien de Le vent se lève, du maître Myasaki et laissent espérer une fin plus légère, plus tendre.
Lunes vénitiennes
Lélé Vianello. 60 pages, noir et blanc. 13 €. Editions Mosquito.
Vénitien, élève, assistant, puis ami d’Hugo Pratt, Lélé Vianello ne pouvait échapper à l’emprise du maître, et quel plus bel hommage que cet album en noir et blanc sinuant dans les ruelles et les canaux vénitiens au moment du carnaval.
Même si le dessinateur n’a pas la grâce aérienne de Pratt, son réel talent et son amour de sa lagune ne manquent pas de charme, dans cette histoire où un tableau fantastique – comme tous les tableaux – entraîne un voleur élégant contemporain de Fables de Venise, dans l’époque dorée des Lumières. Il y rencontre des nones prometteuses, des assassins masqués, des gentilshommes également passagers des voyages dans le temps. Mais surtout, il va être mêlé à une intrigue bien propre à la Sérénissime, où les principaux rôles opposent le Vatican et l’Inquisition à la Franc-Maçonnerie, représentées avec insolence par deux grandes figures de l’illusion : Giacomo Casanova et Joseph Balsamo, alias Cagliostro.
L’hommage appuyé au maître frise parfois la parfaite copie et peut se révéler gênant, mais on finit par se laisser prendre aux méandres de cette aventure extraordinaire de mort, d’amour, de fanatisme et de frères maçons.
Mais aussi :
Je me souviens de Pratt. Conversations à Malamocco. 128 pages (comprenant des photos inédites), noir et blanc. 128 pages. 15 €. Editions Mosquito.
Autour de Silvina Pratt, et Vianello, six amis du grand Hugo évoquent son œuvre et ses mystères.
Jack Chaboud