LE PETIT POUCET – MOSQUITO

Le Petit Poucet - Mosquito Louis et Jean Louis Le Hir
Le Petit Poucet – Mosquito Louis et Jean Louis Le Hir 2018

Parution 2018 – Editions Mosquito

Retrouvez tous les articles du blog sur le Petit Poucet ici

 

 

notre Album le petit poucet a sucité de nombreuses réactions dans les sites spécialisés  :

  • celle de Damien Canteau à lire en intégralité   sur  Comixstrip 

…. tout le monde connaît cette histoire… Louis & Jean-Louis Le Hir proposent une superbe version de ce conte populaire publié par Mosquito.

SUPERBE VERSION DU PETIT POUCET

Conte populaire appartenant à la tradition orale, Le Petit Poucet fut largement diffusé en France grâce à Charles Perrault qui le retranscrit et transforma dans son célèbre recueil Les contes de ma mère l’Oye publié en 1697.

petit poucet – Le Hir – Editions Mosquito

Cette libre adaptation imaginée par Jean-Louis Le Hir est formidable. Comme le veut le conte de Perrault, l’auteur de Sherlock (2 volumes chez Glénat scénarisés par Didier Convard) place son histoire dans une ambiance lourde de fin de monde. La guerre et la famine ont eu raison de celle des parents du Petit Poucet. Les morts jonchent les sols et le fantastique embaume l’atmosphère de l’album. Ainsi cette version plaira aux adultes et adolescents – comme il était d’usage à l’époque, les histoires contées au coin du feu l’étaient pour les plus âgés – même si les jeunes lecteurs pourront y trouver un intérêt. Faire peur et avoir peur structurent la pensée et la personnalité des enfants comme l’écrivit le psychologue et pédagogue Bruno Bettelheim dans Psychanalyse des contes de fées en 1976.

UN GRAPHISME FORT ET PUISSANT

Comme nous l’avions souligné dans la publication précédente de Jean-Louis & Louis Le Hir, American Clown (Mosquito, 2014), nous sommes impressionnés par la partie graphique de ce dernier. Né en 1986, Le Hir fils possède à son actif déjà cinq albums en 5 ans (3 tomes de la série Clown, Hansel & Gretel et celui-ci).

Petit Poucet planche 25

Pour Le Petit Poucet, Louis réalise de nouveau de sublimes planches. Son trait vif et nerveux est quasi jeté et proche de l’esquisse, rehaussé par des couleurs numériques qui apportent de la tension au récit. Le noir et le rouge de l’antre de l’ogre tranchent avec la blancheur de la neige. Un petit bijou !

Damien Canteau

  • Autre  critique de Jack Chaboud – publiée dans le
    numéro 318 -février 2018- de la revue Humanisme

Les adaptations du conte de Charles Perrault sont innombrables, mais celle-ci prend place parmi les grandes versions illustrées de contes traditionnels, au côté de celles d’Arthur Rackham ou Gustave Doré. Il n’est pas question ici de revenir sur les interprétations historiques proposées par ces histoires folkloriques : victoire des faibles et des humiliés sur les puissants, triomphe de l’intelligence sur la bestialité, et dans « Poucet » parallèle entre guerres, grandes famines et climats rigoureux du Moyen Age, vécus au siècle de Louis XIV pendant lequel écrit Perrault. Pas question non plus de plonger dans les eaux où se baignent Tzvetan Todorov, Bruno Bettelheim et Marie-Louise von Franz, spécialistes des profondeurs de l’inconscient enfantin et pourvoyeurs de bien des travaux maçonniques sur la symbolique de la part d’enfance en l’homme et les oppositions ésotériques du bien et du mal : blancheur de la neige et du petit bonhomme, noirceur de la forêt profonde et de l’ogre… Pas question de s’arrêter sur ces sept enfants nés en moins de six ans, sur ces cailloux « sumbolum » remplacés par des miettes de pain jetés au long de voyages et d’épreuves qui jalonnent les parcours éclairés du labyrinthe dont Poucet, plus malin que Thésée, vient à bout tout seul.
En fait, au-delà de la proximité de ce « Poucet » avec le précédent album des Le Hir (« Hansel et Gretel », paru aussi chez Mosquito) rappelée par la famille misérable du bûcheron, la forêt, les cailloux et petits pains, l’ogre ou la sorcière, le triomphe du petit bonhomme les peurs et sagesse exprimés par les contes, ce qui incite avant tout à ouvrir grand cet album pour sept ans et plus, c’est la beauté plastique qui l’illumine : forêts ployant sous la neige, châteaux du vertige, personnages hallucinants, décors d’une remarquable beauté hauts en couleurs écarlates comme en clairs-obscurs, jouant des ressources de la BD : strips, texte illustré et mise en page.
Un petit bijou qui éclaire notre œil et notre esprit sur les traces de Poucet, juste avant que les oiseaux ne nous en volent les signes.