L’histoire se déroule à la fin du dix neuvième siècle dans un Londres encore traumatisée par les crimes de Jack l’Eventreur…
Londres 1897 à la sortie du Lyceum Theatre. Jonas Demm et son ami Rudyard Kipling viennent d’assister à la première
de l’adaptation théâtrale du roman de Bram Stoker, « Dracula ». Raccompagnant Rudyard à son domicile, Jonas raconte une enquête qu’il a dû mener 7 ans plus tôt sur une série de meurtres terrifiants au cours de laquelle il a rencontré le Dragon …
Le prologue à cette enquête fut une mission archéologique en Irak commanditée par le Vatican en 1887 au cours de laquelle un mystérieux cylindre fut découvert…
L’enquête, sur fond de brouillard et de neige, nous entraîne dans les rues sombres de Londres lorsque sociétés secrètes, music halls, freakshow, attiraient une foule toujours plus nombreuse avide de sensations. C’est l’occasion d’y rencontrer nombre de personnages réels ou de fiction qui marquèrent la littérature fantastique ou la BD de leurs empreintes.
Critique BD-Entre passion &ressenti – 25 octobre 2011
Excellente mais exigeante BD.
Le récit est d’une rare densité, demandant un maximum d’attention au lecteur.
Celui ci est heureusement récompensé par un scénario riche, bien construit et cohérent.
C’est la première fois qu’une lecture me parait aussi compacte. Cette BD aurait mérité un plus grand développement car l’exercice s’approche parfois du résumé. Une voix off omniprésente permet également de fournir beaucoup d’informations. Les personnages sont très nombreux, Le Hir s’amuse même à intégrer dans son récit des personnages connus, réels ou fictifs, avec une grande réussite.
Le dessin noir et blanc est précis et idéal car l’on a une histoire à cheval entre le policier et le fantastique.
Le côté riche de ce one shot s’avèrera » trop » pour certains lecteurs. Quoiqu’il en soit, la lecture demande du temps et de l’investissement, on est vraiment aux antipodes des productions Soleil faciles à lire, belles mais vides…
Je terminerai mon avis par un petit reproche : je n’aime pas les couvertures souples de ce type, trop fragiles.
Note : 16/20
critique Onirik.net
– Celui qui voyage la nuit est de retour.
1890 : voici trois ans que les rescapés de l’expédition archéologique du Vatican ont accompli leur mission en Irak. Voici deux ans que les crimes de Jack l’Eventreur ont cessé.
En Afrique Arthur Rimbaud exerce son métier de trafiquant d’armes et en Amérique le marshall Blueberry est sur le point de traquer une secte.
En Angleterre William Gull vient de décéder. Corto Maltese a trois ans et la société secrète Golden Dawn est en plein essor. On reproche au Docteur Jekyll d’héberger le si peu recommandable Mister Hyde, mais personne ne se préoccupe de l’ancêtre de l’Ombre Jaune.
C’est cette année 1890 qui voit la reprise de meurtres spectaculaires alors que Conan Doyle travaille sur de nouvelles aventures de Sherlock Holmes et Bram Stocker sur Dracula.
L’inspecteur Jonas Denn ignore si son enquête va le mener à un vampire ou à un Grand Ancien, pour l’instant il cherche à assembler les pièces du puzzle alors que les morts se succèdent.
Jean-Louis Le Hir [1] reprend son album La voix des ténèbres paru dans la collection Loge Noire chez Glenat et complète l’histoire unissant personnages historiques et romanesques dans une vaste saga où le surnaturel rejoint l’histoire.
Complexe et efficace.
critique Dascritch.net -6 janvier 2008
Fantastique victorien et grand mashup culturel par Jean-Louis Le Hir. Quelque part dans les limbes des Vents d’Ouest.
À peine publié, le « Dracula » de Bram Stroker est un succès énorme dans le Londres de la fin du XIXème siècle, malgré ses sulfureuses allusions sexuelles. Le roman vient d’être adapté au théâtre et c’est à la sortie de l’une des représentations que l’inspecteur Joan Demm de Scotland Yard est invité à finir la soirée chez son ami Ruyard Kipling. Quelques brandy aidant, le policier de se laisser aller à raconter les sombres méandres d’une triste affaire qui aurait inspiré à l’écrivain son histoire de monstre sanguinaire.
Des meurtres horribles ressemblant à ceux commis par Jack L’éventreur, mais visiblement par une autre personne. Scotland Yard, échaudé après l’échec de la première série de meurtres, compte bien mettre la main sur le terrible esprit diabolique. Le problème, c’est qu’il semble bien qu’on aie affaire à un esprit… la colère d’un dieu déraciné par une expédition scientifique…
D’un noir et blanc très tranché, on a l’impression de lire un complément de « From Hell ». Et pour cause : l’ouvrage utilise la même époque, une bonne partie des protagonistes, mais il cite aussi d’autres œuvres dont celles de Howard P. Lovecraft, fait intervenir d’autres contemporains comme Edgar Alan Poe ou Conan Doyle, voire fait des clins d’œils graphiques à « Tintin », « Corto Maltese », « Blake & Mortimer »… Bref le lecteur est dans un terrain jonché d’indices pour lui plaire, le sentir en confiance et le guider dans le Londres glauques de l’ère Victorienne.
La lecture des notes en fin d’album donne envie de se plonger dans tout plein d’autres livres.
critique de BEDEPOLAR :
chronique parue dans l’Ours Polar n°45/46, juin 2008
Voici bien le type d’album pour lequel se lancer dans une présentation rapide tient de l’exercice de haute voltige, tant l’histoire emprunte de chemins de traverses, fait se rencontrer tant de personnages, et n’hésite jamais à faire des allers et retours dans le temps et dans l’espace. Pour vous donner une petite idée de cette Nuit chez Kipling, sachez qu’elle commence un soir de 1897, à l’issue de la représentation théâtrale du Dracula de Stocker, et que le détective de Scotland Yard Jonas Demm, invité chez l’auteur du Livre de la jungle à finir la soirée autour d’un whisky, lui fait le récit d’une très étrange enquête menée sept ans plus tôt. A cette époque, Demm venait d’entrer à la « strange and violent crimes analysis unit », une nouvelle unité du Yard testant d’autres méthodes d’identifcation des criminels, et ne dédaignant pas l’apport des aliénistes en médecine psychologique… Il n’en fallait pas moins à Demm pour tenter de résoudre cette affaire de meurtres particulièrement horribles, où il croisera nombre de figures effrayantes, y compris dans ceux qui l’épaulent, comme le Dr Pickers, légiste au visage repoussant. Son enquête lui révélera des liens entre les victimes et les membres d’une expédition scientifique revenue d’Irak quelques temps auparavant, mais il devra affronter jusqu’à ses propres démons pour s’en sortir.
Avec cet album, Le Hir achève en fait une histoire dont la première partie était déjà parue en 2005 chez Glénat sous le titre La voix des Ténèbres – Le Cylindre, dans une version couleur. Le noir et blanc semble mieux adapté à cette enquête aux forts accents fantastiques et truffée de clins d’oeil à la littérature et à la bande dessinée. La lecture de l’index final est fortement conseillée avant l’entame d’un album à la difficulté avérée. Mais quel plaisir quand au bout d’un moment l’atmosphère vous saisit ! C’est un véritable tourbillon pour les sens comme en apportent certains albums et, toutes proportions gardées, Une Nuit chez Kipling n’est pas loin de vous mettre dans le même état que le From Hell de Moore et Campbell.
Frédéric Prilleux
critique de BDTrésor.net – 23 fevrier 2008
Elémentaire, mon cher Croodge ! Le duo de choc formé par le détective Demm et son acolyte arrive sans difficulté à hauteur d’un Sherlock Holmes et d’un Watson. Sans compter que les personnages rencontrés dans « Une nuit chez Kipling » ont bel et bien existé. Certes, l’enquête flirte aisément avec l’occulte voire le fantastique, mais c’est ce qui fait la force de cette BD. Vampires et démons vont s’immiscer dans cette sombre affaire de psychopathe sanguinaire !
Avant tout, saluons le travail de documentation monumental accompli par Jean-Louis Le Hir. Sa connaissance fournie du Londres de la fin du XXème siècle a de quoi donner des vertiges. On est introduit dans des lieux secrets et légendaires comme la Royal Society où se retrouvaient les plus grands penseurs britanniques. Les nombreuses références à des personnages mythiques enrichissent indéniablement l’expérience de lecture : le Dr Jekyl, Elephant man, Jack l’éventreur… sans jamais perdre le fil principal !
Cette BD réunit toutes les qualités du feuilleton policier parfait. Le suspense est insoutenable, l’atmosphère oppressante d’un bout à l’autre de l’enquête et les rebondissements dignes d’un très bon thriller. Mais votre tâche la plus difficile en tant que lecteur sera de démêler le vrai du faux, l’historique du fantastique tant le croisement des genres est savamment orchestré par l’auteur.
En définitive, « Une nuit chez Kipling » souffle un vent de fraîcheur sur le marché de la BD francophone grâce à sa fabuleuse densité scénaristique. A quand une adaptation au cinéma ?